Inquiète, Karima, 18 ans, lycéenne de Maubeuge, attend avec son père au milieu d'une file de 400 personnes : «Depuis juin, je suis venue neuf fois.» Il est 6 heures du matin devant la cité administrative de Lille. En France depuis l'âge de trois mois, elle a demandé une carte de séjour de dix ans. Elle revient pour savoir si elle est prête. «Ils n'écrivent pas, et on ne peut pas téléphoner, le seul moyen, c'est de se déplacer.» La dernière fois, elle n'a pas pu entrer : la distribution des tickets d'entrée s'est arrêtée devant elle.
Hier matin, les Verts du Nord-Pas-de-Calais étaient eux aussi devant la cité administrative pour dénoncer les conditions d'accueil des étrangers à la préfecture de Lille. «Les premiers arrivent la veille, pour être sûrs d'être reçus», s'indigne Dominique Plancke, adjoint Vert à Lille. Quelques personnes âgées, des enfants en poussette. Quatre étudiants marocains ont perdu des jours de cours.
Absence. La Ligue des droits de l'homme de Lille estime que «la méthode provoque l'embouteillage. On demande aux gens d'apporter des pièces. Puis, après cette longue queue, parfois inutile, on explique qu'il en faut d'autres. On demande jusqu'à trois fois quatre photos d'identité».
Les papiers expirent avant d'être renouvelés. En situation irrégulière, plus d'allocations familiales ou de RMI. Certains perdent leur emploi pour absences répétées. «Je suis passé à côté d'un CDI, raconte Abdou, 35 ans. Je n'avais plus de papiers, juste une convocation. Mettez-vous à