Les spécialistes de médecine tropicale les appellent maladie du sommeil, kala-azar ou encore ulcère de Buruli... Pour Médecins sans frontières (MSF), l'Institut Pasteur, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les trois autres instituts publics (1) qui s'associent aujourd'hui dans une fondation pour les combattre, ce sont avant tout des «maladies négligées». Négligées par les laboratoires pharmaceutiques, parce que touchant des populations pauvres, donc non-solvables. Négligées par les pouvoirs publics des pays concernés, qui ont d'autres priorités encore plus vitales. Négligées, mais fréquentes. Et graves.
Transmise par la fameuse mouche tsé-tsé, la maladie du sommeil atteint ainsi 500 000 Africains chaque année. 150 000 en meurent. Un quart des habitants d'Amérique latine, soit près de 100 millions de personnes, est menacé par la maladie de Chagas, responsable de lésions irréversibles du coeur, des nerfs ou des organes digestifs. Des exemples à mettre en balance avec l'extrê me pauvreté des recherches. «Sur les 1 393 nouveaux médicaments mis sur le marché entre 1975 et 1999, seuls 13 concernent le traitement d'une maladie tropicale», estime MSF. Autrement dit, toujours de même source, «à peine 10 % de la recherche médicale menée est aujourd'hui consacrée aux affections qui représentent 90 % de la morbidité mondiale ».
Genève. C'est à ce vide quasi sidéral si l'on excepte quelques initiatives ciblées, pour des maladies comme la tuberculose ou le paludisme que s'est a