Les beaux jours ou la porte. L'arrivée du prin temps sonne la fin d'un répit de quatre mois et demi pour les locataires en difficulté. Et ce samedi à 14 heures, Droit au logement (DAL) et divers autres mouvements (AC !, Apeis, des collectifs de squats artistiques...) appellent à manifester contre les expulsions, place de la République à Paris, mais aussi à Lille, Orléans, Rouen ou Amiens.
Le moment est crucial. Rempli de drames émiettés. «C'est une période terrible. Où l'on reçoit des appels téléphoniques de détresse», raconte Stéphanie Henryon, conseillère juridique à la Confédération générale du logement (CGL) du Val-de-Marne. «Des gens désemparés qui nous contactent, perdus parce qu'ils viennent de recevoir une lettre du commissaire de police qui leur demande de quitter leur logement et de rendre les clés, dans huit, dix ou quinze jours.» La trêve hivernale qui s'achève le 15 mars (le 1er avril à Paris) fait d'un coup basculer des milliers de familles dans l'incertitude du lendemain (lire page suivante). Et tous les ans, cela se répète. En pire. Censée protéger les personnes en difficulté, la loi de lutte contre les exclusions adoptée en juillet 1998 n'est pas parvenue à faire reculer la précarité dans le secteur du logement : pas moins de 81 080 jugements d'expulsion ont ainsi été rendus en 2001 par les tribunaux. Un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Jean-Pierre Giacomo, le président de la Confédération nationale du logement (CNL), a son explication :