Marie-Josèphe Bouvet est huissier de justice à Paris. Paroles et états d'âme d'un officier ministériel.
Avec la fin de la trêve hivernale, les affaires reprennent pour les huissiers ?
L'expulsion est un constat d'échec pour tout le monde. Cela veut dire que tout le reste a échoué, que nous ne sommes pas parvenus à trouver en amont une solution plus humaine. Les dispositifs de pré vention comme le Fonds de solidarité lo gement n'ont pas fonctionné. L'assistante sociale n'a peut-être pas eu le signalement. Le dossier de relogement n'a pu aboutir. Et nous, on arrive en dernier. On vient faire exécuter une décision rendue par un juge.
L'huissier n'a-t-il pas lui aussi un rôle à jouer dans la prévention ?
Lorsque je délivre un commandement de payer ou de quitter les lieux, j'essaye de voir les locataires. Parfois je les convoque à mon bureau. S'ils ne sont pas suivis par les services sociaux, je les oriente. Souvent je n'ai pas de réponse. Lorsque les gens sont en difficulté, ils se renferment sur eux. La procédure d'expulsion est longue. Cela peut durer un ou deux ans et faire oublier qu'il y a l'éviction au bout.
L'huissier fait peur ?
Beaucoup de clichés circulent sur nous. Quand on amène un commandement de payer, on sent parfois que les gens sont là. Mais ils n'ouvrent pas. Beaucoup pensent que l'huissier peut les expulser immédiatement. On ne peut rien faire de la sorte sans un jugement.
Que ressentez-vous lorsque vous expulsez des gens en difficulté ?
Quand j'expulse, je découvre u