Rareté de l'offre locative, envolée des loyers, spécialement dans les grandes villes, fin annoncée de la loi de 1948, allongement des files d'attente aux guichets des HLM : tous les indicateurs virent au rouge sur le front du logement. Selon le rapport annuel de la fondation Abbé Pierre (1), ces tendances révèlent une «crise du logement qui devient une crise de société».
Trier. Bien sûr, les personnes démunies ou en situation précaire (travail temporaire ou à temps partiel non-choisi, CDD...) sont les premières victimes d'un «mal logement» endémique. Mais «la crise, et cela est nouveau [...], s'élargit aux salariés modestes, même quand ils disposent d'un emploi stable». Dans les grandes villes, le revenu sert à trier les locataires. Trouver un toit est quasi impossible pour ceux qui perçoivent des revenus variant entre un et deux Smic. Le rapport souligne d'ailleurs l'importance des allocations logement pour que ces ménages (une fois logés) disposent d'un «reste à vivre» qui ne les confine pas dans la misère. Avant versement des allocations, la charge loyer engloutit en moyenne 38 % de leurs revenus lorsqu'ils vivent dans le parc privé, contre 24 % dans le parc social.
Ils sont donc nombreux à se tourner vers les HLM et leurs loyers plus abordables. «Le parc HLM est sous pression.» «Le premier bilan du numéro unique d'enregistrement de la demande [...] fait ressortir [que] 1 640 000 ménages» sont inscrits sur les listes d'attente. Partout, les besoins débordent. «Des experts [