Nantes correspondance
«Bonjour, le collectif d'usagers pour les transports gratuits vous informe que vous êtes dans une zone libre de tous contrôleurs. Voyagez l'esprit tranquille...» A chaque arrêt d'une rame de tramway, trois têtes se glissent par les portes pour lancer cette annonce à la cantonade. Pendant une heure et demie, une quinzaine de militants armés de téléphones portables sèment dans le tram de grands sourires de connivence. Sur les quatre stations de ce tronçon qu'ils surveillent, ils informent les voyageurs de l'absence de danger d'amende, tout en propageant l'idée d'une gratuité des transports collectifs. «On paye deux fois. Par nos impôts qui subventionnent la société de transport et par le tarif du ticket, explique patiemment une fille du collectif sur le quai de la station. Et on paye pour entretenir un système d'amende qui frappe les plus pauvres (1).» Ces militants font le calcul inverse du discours moral sur le coût de la fraude supporté par les clients en règle, maintiennent que le parti pris du transport payant alourdit les dépenses, de l'impression des billets à l'achat et la maintenance des machines pour les délivrer et les composter, en passant par les salaires des contrôleurs, voire les campagnes de communication contre la fraude.
Depuis le début de l'année, quatre opérations de ce genre, dénommées «free zones», ont eu lieu à Nantes. Parfois, certains chauffeurs sont entrés dans le jeu, prévenant leurs passagers de l'arrivée d'une escouade d'agents