Médecin et généticien, Axel Kahn est directeur de l'institut Cochin, l'une des plus grosses unités de recherche française dans le domaine des sciences de la vie.
Comment interprétez-vous cette réduction radicale du budget de la recherche ?
J'y vois d'abord une fidélité à une tradition des gouvernements de droite. Les coupures de crédits publics de la recherche, opérées en cours d'année pour faire face à une situation économique délicate, ont toujours été le choix de gouvernements conservateurs. Un seul d'entre eux a fait exception à cette règle : le général de Gaulle. De Gaulle a conduit une politique extrêmement favorable à la recherche qui était en parfaite cohérence avec sa vision prospective d'une France puissante et indépendante. Ensuite, les choses n'ont cessé de se dégrader. Il a fallu attendre Mitterrand, en 1981, et son ministre Jean-Pierre Chevènement pour que les sciences redeviennent une priorité. Les gouvernements de gauche qui ont suivi ont globalement maintenu les crédits de la recherche. Ce sont les gouvernements Chirac puis Juppé qui ont décidé les coupes drastiques du budget de la recherche au cours des exercices 1986 et 1995. Celle décrétée par le gouvernement Raffarin s'ajoute à cette liste. Mais elle est d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de la recherche française.
Ce choix n'est donc pas simplement conjoncturel, il est l'expression d'une vision politique.
Je le crains. C'est bien lorsqu'on est face à une situation économique exceptionnelle que l'o