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Libération

L'abus de lutte antitabac nuit à Lucette Gourlain

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Bagarre autour des droits des images de son mari agonisant.
publié le 3 avril 2003 à 22h34

Il était son avocat, son confident, et lui avait dit de ne pas s'inquiéter : «On n'a jamais vu un assassin faire payer sa victime.» Aujourd'hui, celle qui incarne le combat des victimes du tabac est lâchée par ceux qui l'ont embarquée, en 1999, dans la première grande procédure contre la Seita par la famille d'un fumeur.

Esseulée. Personne ne connaît Lucette Gourlain. Mais beaucoup ont vu le dos décharné de son mari Richard, à l'agonie. Images d'un homme de 49 ans en phase terminale d'un cancer lié au tabac, diffusées l'été dernier sur TF1 dans un spot de prévention du Comité national contre le tabagisme (CNCT) (Libération du 23 juillet 2002). «Je l'ai filmé dans sa chambre, cinq jours avant sa mort, en 1999. Il m'avait dit : si cela peut servir à quelque chose pour pas que les mômes clopent», raconte Lucette. Elle vit toujours dans leur pavillon HLM du Loiret. Menacée d'expulsion, de coupure d'eau, en arrêt maladie, esseulée, elle a reçu le 12 février «un commandement de payer 9 623 euros de dommages et intérêts à la Seita, car [elle a] été condamnée par la cour d'appel d'Orléans». «L'argent, je fais avec, ou plutôt sans, dit-elle. Mais je voudrais entendre que Richard Gourlain n'est pas mort à 100 % coupable, que la Seita reconnaisse la nocivité du produit qu'elle fabrique. Il avait commencé à fumer des Gauloises à 12 ans.»

Voilà où en est «l'affaire Gourlain», après une demi-victoire en première instance à Montargis (Loiret), une défaite totale en appel, et dans l'attente d