Dijon envoyé spécial
Dijon envoyé spécial
Marc Bauduin flotte dans son costume beige. Un tailleur vert oppresse les formes de son épouse. Leurs chaussures brillent. Elle inspire longuement, la poitrine serrée. Il prend brutalement sa main, y cherche du courage. C¹est un couple perdu, qui ne comprend pas sa présence devant un tribunal correctionnel. Marc Bauduin, cafetier, risquait hier deux ans de prison et 4 500 euros d¹amende. Il était jugé, situation exceptionnelle, pour «complicité de conduite en état alcoolique». La justice lui reproche d¹avoir servi, le 3 octobre 2002, trop d¹alcool à un client. Quelques instants après être sorti du bistrot, ce client tuait, au volant de sa Laguna, trois jeunes gens. L¹affaire a secoué la Côte-d¹Or. Des cafetiers, inquiets de la naissance d¹une jurisprudence menaçante pour leur profession, ont monté un comité de soutien.
Récidive. «Je connais bien Philippe. Je ne sais jamais s¹il est à jeun ou ivre», a expliqué Marc Bauduin. Arrive dans la salle le client, Philippe Scher. Un grand type dont la sécheresse de la silhouette trahit les longues heures écoulées près d¹une bouteille. «Je suis convaincu que M. Scher est mort quelque part. Il suffit de regarder ses yeux. Il est mort», note l¹avocate de la famille d¹une victime. Le prévenu bredouille d¹une voix grave, reconnaît mécaniquement tout ce dont on l¹accable. Déjà condamné à deux ans de prison avec sursis en 1999 pour conduite en état d¹ivresse, il admet qu¹il connaissait le risque d¹une p