En cette cinquième semaine du procès Elf, il va enfin être question d'amour. Mais d'amour dans un monde de fric. Deux femmes, épouses successives de Loïk Le Floch-Prigent, illustrent deux visions du couple. Marlène Le Floch, actuelle épouse de l'ex-PDG d'Elf, partage depuis douze ans le parcours judiciaire de son mari. Au fond du tribunal, elle connaît le dossier pénal sur le bout des doigts. Marlène finance Loïk, qui en retour lui procure «une vie d'emmerdements mais passionnante, sans Rolls ni avion». Et Fatima Belaïd, brève épouse entre mars 1990 et août 1991 : dix-huit mois de vie commune auprès d'un PDG au faîte de sa puissance, dix-neuf millions de francs de prestation compensatoire pour solder un divorce ayant mobilisé l'état-major d'Elf et certains de ses comptes en Suisse.
Sans Fatima, l'affaire Elf se serait résumée à une affaire Sirven, gérant de la caisse noire. Renvoyée en correctionnelle, elle seule peut incarner les avantages personnels perçus par son PDG d'ex-mari. Ultime point commun entre ces deux femmes, leur charme de brunes au teint mat.
«J'ai vécu un amour passionné qui s'est transformé en cauchemar.» Du fond se sa cellule, Loïk Le Floch-Prigent a récemment écrit une lettre préfigurant ce qu'il va raconter cette semaine à la barre. De Fatima, il a été follement quoique brièvement amoureux, après dix-huit ans d'un premier mariage. Leur séparation sera explosive. Le Floch évoque un «harassement psychologique incompatible avec la fonction de PDG». Les