Ses aveux se lisent encore sur son visage, la culpabilité, la tristesse aussi. Lundi et mardi, Loïk Le Floch-Prigent a avoué tout ce qu'il refusait d'admettre jusqu'alors, l'achat du château des Genettes moyennant un dessous de table, les travaux payés par Elf, l'achat d'un hôtel particulier «de fonction», et même les versements à son ex-femme lors de son divorce. Pourtant, il reste l'homme qui est passé à l'orange, fautif, mais pas vraiment coupable. Hier, lors de l'examen des «frais divers» d'Alfred Sirven, l'ancien PDG d'Elf n'avait plus le coeur à s'épancher sur «l'affaire du tapis».
Un minuscule sous-dossier. Un tapis vendu par Le Floch, finalement acheté par Sirven. «Il s'agit d'un tapis persan, de moins de cent ans d'âge, vendu pour 300 000 francs, expose le président Michel Desplan. Selon l'expert, il n'en vaut que 40 000. Le plus extraordinaire c'est que ce tapis, une fois acheté, va rester en cale sèche à Genève, chez le transporteur.» «J'avais une échéance quelconque, se rappelle Le Floch, M. Sirven m'a présenté un antiquaire, qui a estimé le tapis à 300 000 francs. Quelqu'un est venu le prendre.» L'antiquaire s'engageait à trouver preneur. Le Floch ignorait que Sirven l'achèterait. «M. Sirven n'avait peut-être pas intérêt, à ce moment-là, à se faire marchand de tapis...» remarque le président. «M. Sirven a voulu me faire plaisir à l'époque, déclare Le Floch, je le remercie, mais j'ai beaucoup plus d'ennuis avec le plaisir qu'il a voulu me faire.» «Alors M. Sirven