C'est un bateau vide. Presque déserté. L'hôpital psychiatrique de Maison Blanche, symbole de l'époque asilaire, construit au tout début du siècle dernier, ayant accueilli jusqu'à plus de 3 200 malades exilés de Paris, vit ses derniers mois. A Neuilly-sur-Marne, à 20 kilomètres de la capitale, le lieu est comme une petite ville, 60 hectares, 109 bâtiments. Aujourd'hui, les deux tiers des pavillons ont fermé, la moitié du site a été revendu à la municipalité. Il ne reste qu'un peu plus de 469 patients (1). Depuis près de dix ans, c'est la plus importante restructuration de la psychiatrie française. Mais elle patine. Les conflits se multiplient. L'objectif semblait limpide : ramener les fous à Paris. Maison Blanche hospitalisant essentiellement les malades de l'est parisien, n'était-il pas plus sain de les hospitaliser dans Paris, près de leur famille?
«C'est une injure». Patrick Mordelet est intarissablement optimiste. «Vous savez, un tel changement, cela prend dix ans», explique le directeur de Maison Blanche qui a porté seul ce projet depuis le début. Trop seul ? «Un tel changement doit se faire avec le personnel et les médecins», reconnaît Jean Vuillermoz, conseiller municipal communiste à Paris et président du conseil d'administration (CA) de Maison Blanche. En dépit de son assurance, Mordelet le reconnaît à demi-mot : «Les médecins ne sont pas contre cette révolution. Mais c'est moi qui la porte.»
En tout cas, depuis peu, les psychiatres ont claqué la porte. Désertant toute