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Libération

A Paris, la chasse aux prostituées a démarré

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Samedi, cinq étrangères étaient jugées pour racolage passif.
publié le 21 avril 2003 à 22h55

Elles ont été raflées vendredi sur le trottoir du boulevard Macdonald, à Paris. Entre la porte d'Aubervilliers et celle de la Villette (XIXe arrondissement). Samedi, cinq prostituées, quatre Bulgares et une Roumaine, étaient dans le box des prévenues, à l'audience des comparutions immédiates. Conformément aux instructions du procureur de Paris, Yves Bot, dans sa circulaire d'application de la loi Sarkozy qui réprime désormais de deux mois de prison le racolage passif (Libération du 17 avril).

La première à comparaître, c'est Ginka, 19 ans, enfantine, en jean et tee-shirt, le regard affolé, les larmes aux yeux sous ses cheveux noirs attachés. Dans la salle, quelqu'un dit à voix basse : «C'est une honte ! Regardez-moi ça ! Et pendant ce temps, leur mac court toujours !» Le président lit les poursuites rédigées par le parquet : «Il lui est reproché d'avoir procédé publiquement au racolage en proposant des relations sexuelles tarifées, en l'espèce en faisant signe au conducteur d'une automobile qu'elle voulait de l'argent.» Une gêne, palpable, envahit l'audience. En quel siècle a donc lieu ce procès ?

Enquête sociale. Par la voix de l'interprète, Ginka raconte avoir été abandonnée par le père de son enfant d'un an et demi. Elle a laissé le bébé à sa mère en Bulgarie pour gagner sa vie en France en se prostituant. Mais le président fronce les sourcils, s'adresse à la procureure : «Je suis un peu troublé. Je n'ai pas d'enquête sociale. Elle a 19 ans !» L'enquête, normalement obligat