Tribunal correctionnel de Paris
Un avocat s'exaspère à mi-voix : «C'est une honte, des audiences pareilles ! Il y a 27 affaires et 35 prévenus. Nous, les avocats, pensons à quitter l'audience.» Mais ils restent. On juge Dragan qui a volé le portefeuille d'un homme de 85 ans. «Je marche doucement, doucement, a dit la victime aux policiers, et je n'avais rien vu !» Deux passantes ont donné l'alerte. «Hier, je ne reconnaissais pas les faits, aujourd'hui, oui, avoue Dragan, c'est à cause de la drogue, je ne sais pas ce que je fais !» Le juge s'interroge : «Faut-il en déduire qu'il vit de vols à la tire ? Non ? Alors, avec quoi finance-t-il sa drogue ? Ah bon ? Il travaille !» La procureure réclame «quatre mois ferme, quel que soit son casier vierge, pour cet acte crapuleux». Deux mois.
Un beau ténébreux et un petit maigre entrent dans le box. Chérif, 37 ans, est entrepreneur dans le bâtiment, Nordine est cuisinier. Ils sont mariés, ont des enfants. «Je suis un peu surpris de votre métier, monsieur, lance le juge à Chérif, je vois que vous êtes analphabète, comment pouvez-vous être entrepreneur ?» L'avocat se marre : «Oh ! Avec un bon avocat et un bon comptable !» Ils ont été arrêtés sur le quai du métro Chaussée-d'Antin pour le vol de 2 500 euros dans la poche d'un touriste. Le juge lit le PV des policiers : «Remarquons quatre individus connus de nous pour être des voleurs à la tire. Les deux premiers sont Jamel et Zaccharia, les deux autres seront identifiés ultérieurement comme