Montargis envoyé spécial
Une vie sans son. Des vies sur des écrans. C'est tous les jours, depuis le 3 décembre dernier, dans le «centre superviseur urbain» de Montargis (Loiret), 15 000 habitants. Il est midi, mercredi. Une dame traverse le pont du canal de Briare. Elle tient un porte-monnaie qui se balance dans sa main gauche. 12 h 13. Deux pêcheurs ont sorti leur attirail, un colvert traverse doucement le lac, le lieu de plein air de la ville. Rue Dorée, la rue commerçante, un jeune homme en mobylette retire de l'argent, sans enlever son casque, sans descendre de sa mobylette. 12 h 22. Dans le «centre superviseur», il y a 24 caméras, réparties essentiellement dans le centre. La «18» bouge légèrement. C'est le vent.
Chiffon. 13 h 42. Une voiture se gare au bord du lac. Deux petites filles et leur mère en sortent. La maman fait des signes. Les filles s'accroupissent derrière un rocher, on ne les voit plus. Elles se relèvent, remontent leurs culottes. Aux abords des habitations, les images se «floutent». Un cycliste au cuissard bleu prend la rue Loing. 13 h 45. Sur le parking de la poste, une voiture immatriculée 59. Un couple. Elle, un verre de rosé. Lui, une bière de 50 centilitres. 13 h 50. Un homme attend devant les toilettes publiques, il se passe les mains dans les cheveux. Un autre, en cravate, en ressort.
Sous le pont, un tracteur est au feu rouge. Le cycliste au cuissard bleu repasse devant une autre caméra. 13 h 59. Rue Dorée, un scooter jaune est garé, apparemment san