Satanas et patatras. Les moines cisterciens de l'île Saint-Honorat, au large de la baie de Cannes, viennent de se faire renvoyer à leurs saintes études par le tribunal administratif de Nice. La justice profane était saisie d'un litige concernant l'accès de l'île, dont les rivages tout comme le littoral continental font partie du domaine public maritime : d'un côté, la Congrégation cistercienne de l'Immaculée conception (CCIC), soucieuse de la tranquillité de son monastère, tentant de freiner l'invasion de touristes en short ; de l'autre, des compagnies maritimes privées, spécialisées dans le «promène-couillons», à l'intérêt commercial bien compris. A l'issue d'un étonnant pataquès historico-judiciaire (Libération du 5 juin 2001 et du 12 août 2002), son jugement du 15 avril, tout en reconnaissant la «spécificité d'un site remarquable», a prié les cisterciens de rentrer dans le droit commun. Et surtout enjoint la préfecture des Alpes-Maritimes, prompte à se plier aux desiderata des moines, de faire respecter la légalité républicaine.
Moyen Age. La CCIC pensait faire prévaloir ses droits ancestraux. Installés sur l'île depuis le Ve siècle, les cisterciens se retranchaient derrière l'ordonnance de Moulins, signée en 1566 par le roi Charles IX (et confirmée sous la Révolution par la loi du 14 ventôse an VII), qui instaurait la notion de domaine public maritime libre d'accès tout en entérinant ses aliénations passées. Précisément, la CCIC excipait de documents rédigés en la