Boris Becker au secours de la CDU. A son corps défendant, l'ancienne gloire du tennis allemand, plutôt marqué à gauche, fait désormais figure d'alibi extravagant pour le parti démocrate-chrétien de l'ex-chancelier Helmut Kohl. Le tribunal examinait hier, et pour une semaine, la reprise en 1992 de la raffinerie de Leuna, dans l'ex-RDA. Pour parvenir à ses fins, Elf a distribué 256 millions de francs (39 millions d'euros) de commissions, pudiquement baptisées «frais de lobbying». Une partie non négligeable, 50 millions (7,7 millions d'euros), est tombée dans les mains de Ludwig-Holger Pfahls, dont le pedigree laisse entrevoir un financement politique occulte : d'abord magistrat, proche de Franz- Joseph Strauss (dit le «taureau de Bavière», président de la CSU, pendant bavarois de la CDU), puis directeur du contre-espionnage allemand, secrétaire d'Etat à la défense du chancelier Kohl (de 1987 à 1992), aujourd'hui porté disparu en Asie ou ailleurs. Sa fuite serait un aveu. Dieter Holzer, l'intermédiaire allemand mandaté par Elf, lobbyiste en chef qui a perçu 160 millions de francs (24 millions d'euros) à lui tout seul, tient à tout prix à le dédouaner.
Capoter. En 1992, au plus fort des négociations, Pfahls avait brièvement embrassé la carrière d'avocat d'affaires. C'est à ce titre que Holzer lui aurait envoyé les 50 millions sur diverses sociétés off-shore. Non pas pour services rendus, mais pour acheter en son nom un concessionnaire Mercedes en Allemagne de l'Est... «J'étais l'