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Libération
Interview

«Les détenus, on en fait des fauves».

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Les mesures imposées par Perben inquiètent surveillants et prisonniers.
publié le 3 mai 2003 à 22h51

Enfermés et un peu plus encore. Avec une «police pénitentiaire» (1), des fouilles systématiques. Et dans les maisons centrales, où vivent les condamnés à de (très) longues peines, la fermeture des portes de cellule. Ce sont les ordres du garde des Sceaux, Dominique Perben. Des décisions prises avant même les évasions spectaculaires des prisons de Fresnes (à l'explosif, le 12 mars), Borgo (aux fausses armes, le 7 mars) et Luynes (en hélicoptère, le 14 avril), toutes pourtant des maisons d'arrêt, où sont hébergés les prévenus et les courtes peines. Le 14 mars, en tout cas, le ministre a expliqué avoir donné des «instructions précises» aux directeurs régionaux de l'administration pénitentiaire et menacé : «S'ils ne les exécutent pas, je changerai les directeurs régionaux.»

Petit à petit, donc, les portes, ouvertes depuis une dizaine d'années, dans la journée et qui permettaient aux détenus de se rencontrer, de discuter, de rejoindre les salles d'activités, sportives ou culturelles, se sont refermées. Cette mesure, les surveillants la demandaient depuis longtemps, mais pas de cette manière. Pas du jour au lendemain. Quant aux prisonniers... Quelques dizaines d'entre eux ont allumé un incendie à la centrale de Clairvaux le 14 mars. Les surveillants parlent même d'une «bataille rangée avec des détenus armés de cutter». A Moulins, où les portes sont closes depuis le 13 février, un collectif de détenus a rédigé un texte de protestation. Ils y expliquent que, dans un premier temps, «l