Le ministère de la Justice s'est-il fourvoyé dans l'affaire des «disparues de l'Yonne» ? En sanctionnant l'ancien procureur d'Auxerre Daniel Stilinovic, 55 ans, mis à la retraite d'office et rayé des cadres de la magistrature en 2002 par le garde des Sceaux, sur avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), il est bien possible que la justice se soit trompée de cible.
Désaveu. Hier, devant le Conseil d'Etat, instance d'appel aux décisions du CSM, Francis Lamy, le commissaire du gouvernement, a demandé que soient annulées les sanctions prises à l'encontre de ce procureur et que l'Etat lui verse 3 000 euros. Le Conseil d'Etat prendra sa décision ultérieurement, mais dans l'immense majorité des cas soumis à sa section du contentieux, il suit les recommandations du commissaire. La probable annulation de ces sanctions serait un désaveu de la façon dont le ministère a géré la crise dans le dossier de la disparition d'au moins sept jeunes femmes et de l'implication du principal suspect, Emile Louis. Dans cette affaire, dont les faits remontent à la fin des années 70, enquêteurs et magistrats avaient participé à un concours de négligences, volontaires ou non, le ministère n'a pas su le déterminer. Avec pour conséquence qu'Emile Louis est passé à travers les gouttes pendant plus de vingt ans. Seul un gendarme, Christian Jambert, soupçonnait cet homme qui n'a été arrêté qu'en décembre 2000.
Annotation. A l'issue de l'enquête sur ces dysfonctionnements, trois autres magistrats avai