Saint-Etienne envoyé spécial
D'ordinaire, quand un homme d'une quarantaine d'années meurt chez lui, il y a toujours quelqu'un pour s'inquiéter : un parent, un voisin, un ami. Roger Foucherat, lui, est mort en solitaire. Personne ne s'est soucié de lui.
L'homme avait 42 ans, et il vivait au dernier étage d'une grande maison grise, dans un quartier populaire de Saint-Etienne, près de la colline Bel-Air. Il avait emménagé là, fin mai 2002. Puis a cessé de payer son loyer, à partir de juillet 2002. Le bailleur lui a alors envoyé quelques lettres de rappel, puis des courriers recommandés. Mais personne n'est allé les chercher. Alors, l'office HLM a attendu la fin de l'hiver, puisqu'il ne pouvait expulser durant cette période. Et, le mardi 29 mai, un an jour pour jour après l'emménagement de Roger, un huissier s'est présenté chez lui, avec un serrurier. Dans la cour, en bas, les deux hommes ont constaté que la boîte aux lettres était pleine. Ils ont grimpé l'escalier extérieur, frappé à la porte du mauvais payeur. Pas de réponse. Alors, le serrurier a ouvert la serrure, et ils ont découvert Roger.
Canapé. Le locataire était assis devant sa télévision, dans le salon, au bord d'un canapé clic-clac. La tête appuyée contre le mur. En slip et en maillot de corps. Il était mort. Il ne restait de son cadavre que les os et quelques lambeaux de peau, secs. Selon les premières constatations, sa mort est naturelle. Pas de fracture, pas de trace de lutte dans l'appartement. Juste ce pauvre squel