C'est l'escalade verbale entre Le Floch-Prigent d'un côté, Sirven et Tarallo de l'autre, les deux gestionnaires des caisses noires, unis pour tout mettre sur le dos de l'ancien PDG d'Elf. L'occasion faisait le larron, puisque le tribunal examinait hier le dossier où des dirigeants se sont le plus largement sucrés au passage : la prise de contrôle, en 1991, de deux compagnies pétrolières espagnoles, Cepsa et Ertoil. Près de 375 millions de francs (67 millions d'euros) de commissions baladeuses. Une bonne part, 160 millions, est revenue à Nadhmi Auchi, homme d'affaires anglo-irakien grassement rémunéré pour avoir simplement servi de faux nez l'espace de quelques mois ; 55 millions pour un intermédiaire espagnol, Daniel de Busturia, ancien lobbyiste à Bruxelles, ancien conseiller du gouvernement Suarez, qui a bien davantage oeuvré pour ouvrir à Elf la puerta del sol. Et surtout 160 autres millions de rétrocommissions diverses et variées. Outre Sirven (63) et Tarallo (29), gestionnaires habituels des fonds occultes, deux autres responsables d'Elf ont été invités au festin : Alain Guillon (40), directeur du raffinage, et Hubert Le Blanc-Bellevaux (25), consultant à tout faire.
«Honte». Tous ont été crédités en Suisse, tous se sont livrés hier au petit jeu du c'est-pas-moi-c'est-lui. Auchi, principal pourvoyeur de rétrocommissions : «Je faisais affaire avec une compagnie d'Etat, je ne m'attendais pas à quelque chose d'incorrect.» Son QG basé au Luxembourg, il n'a pas vu malice à vi