Toulouse de notre correspondant
Confronté, lundi, à deux ex-prostituées qui l'accusent d'avoir tué une des leurs, le 2 janvier 1992, le tueur Patrice Alègre a incidemment reconnu, devant le juge Lemoine, «être allé à l'invitation d'un ami, prendre l'apéritif» au domicile d'un substitut du procureur, à Launaguet près de Toulouse, en 1991. Des propos qui prenaient un sens accusatoire, Patrice Alègre (qui purge actuellement une peine de perpétuité pour cinq meurtres et six viols) étant soupçonné d'avoir été l'homme de main d'un réseau qui a alimenté, en drogue et en jeunes femmes, la bonne société toulousaine au début des années 90.
Instrumentalisé. Ledit substitut toulousain, aujourd'hui procureur adjoint à Montauban, Marc Bourragué, 47 ans, a réagi dans l'heure. Dès hier, l'Est républicain publiait une interview réalisée aussitôt la confrontation terminée. «Je ne suis en rien concerné par cette affaire», y affirme le magistrat, qui reconnaît en revanche avoir pris cet apéritif en 1991 avec une personne amie d'un ami. Mais, précise-t-il, il n'aurait découvert que sept ans plus tard, lors de son arrestation, que «cet homme était Patrice Alègre». Lequel Alègre, insiste Marc Bourragué, n'était, en 1991, «pas connu des services de police».
«Ce n'est plus l'affaire Alègre. C'est désormais l'affaire de ceux qui ont instrumentalisé Alègre», s'est félicité lundi, à l'issue de la confrontation, Me Georges Catala, l'avocat d'une des ex-prostituées. «C'est le verrou qui commence à sauter»,