On savait que l'immobilier était un secteur peu regardant avec la loi. L'un des mérites du procès Elf est de nous permettre loin d'être blasés de nous en indigner derechef. De rester jeunes. Car le groupe pétrolier a poussé le bouchon assez loin lors de l'achat d'immeubles pour ses filiales espagnoles, portugaises et japonaises. Rien que sur son siège à Tokyo, 70 millions de francs de commissions occultes ont été versés.
Toutes les ficelles du métier, plus ou moins grosses, ont été mises à contribution. Comme la fausse option d'achat : X achète un immeuble à Y, mais il faut dédommager Z qui, paraît-il, disposerait d'un droit de préemption. Z encaisse l'argent, puis en rétrocède en douce la majeure partie à X et/ou Y (selon affinités). Tout est manigancé depuis le départ.
Galimatias. X, c'est Elf qui veut un siège social pour ses activités au pays du Soleil-Levant. Y, c'est un propriétaire nippon, grimé pour l'occasion en société off-shore irlandaise. Z, c'est l'incontournable Nadhmi Auchi : cet homme d'affaires irakien, naturalisé britannique mais jurant de sa francophilie, avait déjà fait parler de lui lors du rachat par Elf de deux compagnies espagnoles (Libération du 6 mai). Auchi, donc, a perçu 25 millions de francs, avant d'en rétrocéder illico 22,5 sur un compte d'Alfred Sirven.
Hier à la barre, Auchi a donné un semblant d'explication. Primo, ce n'était pas une option d'achat mais une garantie de rachat. Soit. Secundo, c'est Elf qui aurait dicté toutes les conditions.