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Libération

Chasse au parloir sauvage à Toulon

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Premières condamnations pour avoir conversé, depuis la rue, avec un détenu.
publié le 16 mai 2003 à 23h02

Toulon envoyé spécial

En parlant, depuis la rue, ce soir du 2 avril, avec un copain incarcéré à la prison Saint-Roch à Toulon, dans un de ces parloirs sauvages jusqu'ici tolérés bien qu'illégaux, Mehdi, 19 ans, et Mounir, 23 ans, ne savaient pas qu'ils allaient inaugurer une première judiciaire. Une patrouille de police leur est tombée dessus et les a conduits dare-dare au palais de justice tout proche, où un substitut particulièrement remonté a requis contre eux une mesure de détention provisoire.

Confort. Heureusement, le juge délégué aux libertés ne s'est pas laissé emporter par cette hystérie sécuritaire et a ordonné leur remise en liberté. Ce qui n'a pas empêché Mounir et Mehdi de comparaître, hier, devant le tribunal correctionnel de Toulon, pour avoir «communiqué avec des détenus en dehors des cas prévus par la réglementation».

Penaud, le duo ignorait que, deux semaines auparavant, la loi du 18 mars sur la sécurité intérieure, chère au ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, avait instauré le délit de parloir sauvage, frappé d'une peine maximale d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende.

A Toulon, les magistrats se sont révélés prompts à l'appliquer. Il en va de leur confort personnel : la prison, par ailleurs fortement surpeuplée ­ mais ça, apparemment, ce n'est pas leur problème ­, jouxte le tribunal. Au palais de justice, on entend donc, toute la journée, les cris et conversations de ces parloirs sauvages.

Hier, pendant l'audience, la présidente s'en est plainte, f