C'est un tour de passe-passe immobilier trop facile pour être vrai. Elf vend un terrain 200 millions de francs ; le repreneur le recède illico pour 295 au département des Hauts-de-Seine. Record battu : 95 millions de plus-value en à peine cinq jours. Le très bref mais très heureux repreneur en conserve 35 et, partageux en diable, reverse 60 dans la caisse noire du groupe Elf. Le président Michel Desplan résume le sentiment général : «Pourquoi la valeur du terrain a-t-elle augmenté de 50 % en un si court laps de temps, sachant que l'instruction n'a pas déterminé qu'un champ de pétrole eut été découvert entretemps ?» Le prodige s'étant déroulé en juillet 1991 à Issy-les-Moulineaux, plane sur les débats l'ombre d'André Santini, maire UDF du coin, et de Charles Pasqua, président RPF du conseil général.

Timing. C'est, paraît-il, un minable terrain industriel de 32 000 m2, complètement pollué. Par la magie d'une zone d'aménagement concertée (ZAC) votée promptement entre l'achat et la revente, il s'est transformé en superbe terrain à bétonner : le COS (coefficient d'occupation des sols) passe de 2 à 3 avec exemption de taxes. La mairie d'Issy-les-Moulineaux a fait sa part du travail en adoptant la ZAC avec un sens du timing qui force le respect. Pour la suite des événements, elle passe aussitôt le relais au conseil général, dont une société d'économie mixte, la SEM 92, va aménager le terrain. L'interlude entre Elf et la SEM 92, le groupe de bâtiment Thinet, n'est pas en territoire i