Jacques Chirac père de deux filles et grand-père d'un enfant naturel va procéder cet après-midi à la mise à mort d'une certaine conception de l'adage «famille nombreuse famille heureuse». Il va expliquer que le temps de la médaille de la famille française exclusivement légitime, unie et française est révolu. En dépit de ses 83 années, de l'explosion du divorce, des naissances hors mariage et de l'immigration, la breloque respire encore. Elle fait même l'objet d'une guerre aussi âpre que feutrée au sein du mouvement familial, et aujourd'hui, comme chaque année, le président de la République française va décorer une quarantaine de mères «méritantes», choisies parmi les milliers de femmes distinguées dans le pays. La Fédération de la médaille de la famille française, «détentrice du capital moral et de la haute signification de la médaille», n'entend pas se laisser poignarder sans réagir par celui qu'elle pensait être un allié.
«N'importe qui». Jacques Chirac a l'intention d'ouvrir la distinction, première horreur, aux parents concubins. Aux étrangers. Aux «nouvelles familles», invention sémantique lancée par certaines associations familiales et reprise par la droite pour désigner ce qu'ils appelaient autrefois les «non-familles», les recomposées, décomposées, monoparentales, etc. On supprimerait les grades, bronze (4 ou 5 enfants), argent (6 ou 7), or (8 et plus), remplacés par une seule «médaille de la famille» décernée «par la République française». «Nous n'accepterons jam