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Libération
Critique

Sur scène, se souvenir des vieilles choses.

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Depuis un an, des conteurs anonymes du troisième âge évoquent leur vie dans un spectacle.
publié le 24 mai 2003 à 23h07

Calais, envoyé spécial.

Que reste-t-il d'une vie ? Des bribes qui suscitent l'enthousiasme, la curiosité, les larmes. Depuis plus d'un an, des gens nés avant 1933 en racontent l'essentiel. Didier Ruiz, le metteur en scène de la Compagnie des hommes, est allé chercher ces conteurs dans des clubs du troisième âge, des maisons de retraite. Son spectacle, Dale Recuerdos (Je pense à vous), tourne de ville en ville. Il a «accouché» de vieux messieurs et de vieilles dames de Béziers, Paris XIXe, Rouen, Calais... Ce week-end, c'est au tour de Bonneuil-sur-Marne. Ils montent sur scène, se souviennent, et même si, parfois, leur mémoire fait défaut, leurs histoires résonnent. Souvent traversées par l'Histoire. Et, sauf l'accent, rarement réduite aux particularismes locaux.

«Encore». Assis sur des chaises, à la lumière, ils se lèvent chacun leur tour pour raconter. Esquissent un pas de danse, entament une ritournelle. On croirait voir une grand-mère filocher ses souvenirs, un pépé broder sur les histoires de «quand il était petit». Didier Ruiz : «On a envie de dire encore.» Ce qu'il reste de leur vie, ce sont, d'abord, des objets posés sur une table. Un canard vert en porcelaine, offert par le petit frère mort de la tuberculose à 17 ans, la dent de lait de la petite, l'emblème de l'Hispano-Suiza (voiture des années 30). Enfin, une tirelire pour ces jumeaux rouennais qui ne se sont pas concertés : en forme de paysan normand pour Georges. Pour Eugène, la même tirelire, en femme.

Leur vie, pa