Mais dans quel monde vit Alain Guillon ? Ancien syndicaliste CGC parvenu au sommet des affaires en tant que directeur du raffinage chez Elf, il en a adopté tous les tics : des comptes off-shore en pagaille (Panama, Caïman, Tortola, Vaduz...). A la barre, c'est le plus imbuvable des prévenus. Sa suffisance exaspère tout le monde. Son nom est apparu en filigrane tout au long du procès : Guillon touche sa dîme sur la plupart des dossiers douteux. A la différence de Sirven et de Tarallo, qui peuvent éventuellement se retrancher derrière l'alibi d'une caisse noire pour compte de tiers, Guillon encaisse à titre personnel. Il se justifie en évoquant un salaire, âprement négocié lors de son embauche en 1989, de 2 millions de dollars net d'impôts. Donc versé en Suisse, fatalement. Les fonds effectivement perçus dépassent largement ce quantum, mais passons.
Caricature. Hier, Guillon était sur le gril à propos d'une sale affaire qui ne tient qu'à lui, d'une somme de 100 millions de francs encaissée sans que son employeur n'en sache un traître mot. Une caricature de conflit d'intérêts. En juillet 1990, Elf entame des négociations pour racheter la Compagnie pétrolière de l'Ouest (CPO), petit indépendant breton résistant au duopole Elf-Total. Alain Guillon est chargé du dossier. Parallèlement, et clandestinement, il rachète 15 % du capital via une société luxembourgeoise elle-même contrôlée par une coquille panaméenne. A moins de 1 000 francs l'action, alors qu'il est le mieux placé pour s