Un «ovni» judiciaire s'est discrètement éclipsé hier du tribunal correctionnel de Paris. Depuis trois semaines y était jugé un ministre, Michel Gillibert, secrétaire d'Etat aux Handicapés entre 1988 et 1993, pour avoir fait financer illégalement quelques travaux dans son appartement. Plusieurs de ses anciens collaborateurs comparaissaient pour le détournement de près de 2 millions d'euros de subventions publiques accordées à cinq associations créées par Michel Gillibert. Ce dernier est aussi visé par ces subventions détournées, mais devra en répondre devant la Cour de justice de la République (CJR), qui juge les ministres pour des faits commis dans l'exercice de leur fonction. Le 6 juin, la Cour de cassation devrait confirmer le renvoi de l'ex-ministre devant la CJR.
Tétraplégique depuis 1979, désormais cloué dans un lit et un fauteuil médicalisés, Michel Gillibert qui n'était pas présent pendant ces audiences ne pourra probablement pas davantage se rendre devant la CJR. Ce tableau judiciaire hybride a provoqué la fureur de certains avocats et l'irritation du tribunal. «Nous voilà face à deux procédures parallèles, un prévenu principal absent, des témoins pas convoqués : ce dossier est ingérable !», a déploré Me Asselineau, un des avocats de la défense. Hier, Me Dartevelle, un des avocats de Michel Gillibert, a dû plaider sur des faits qui seront examinés dans un an par la CJR.
Tout ne serait pas apparu aussi surréaliste s'il n'avait pas fallu dix ans pour juger cette affa