Un procureur général vient de se faire dégager par le garde des Sceaux, sans avoir fait l'objet de la moindre procédure disciplinaire. Décision rarissime, sinon unique dans les annales récentes de la magistrature. Hier en conseil des ministres, Dominique Perben a confirmé une information qui se murmurait depuis la veille : Jean Volff, le procureur général (PG) de Toulouse, mis en cause par une prostituée dans l'affaire Alègre, est remplacé par le procureur de la République de Créteil (Libération d'hier). A deux mois de la retraite, Jean Volff se trouve sans affectation, «muté d'office».
Réseau. Aux procureurs généraux réunis hier à la chancellerie, le ministre de la Justice a expliqué ce remplacement exceptionnel : Jean Volff n'est pas sanctionné pour son implication éventuelle dans le réseau de soutien qui aurait fonctionné au début des années 90 en faveur d'Alègre ; il est déplacé pour ne pas avoir rendu compte au garde des Sceaux des «éléments qui étaient à sa disposition» dans cette affaire. Aucune information n'est remontée à la chancellerie, et Dominique Perben n'était pas préparé à la tempête médiatique qui s'est abattue sur lui. Le ministre a expliqué aux procureurs généraux qu'il estimait cette attitude «contraire au principe de loyauté».
Ce procédé brutal et inhabituel a ému les procureurs généraux, ces responsables de l'application de la politique pénale dans les 35 cours d'appel. Beaucoup d'entre eux auraient préféré que l'affaire se traite sur le terrain disciplin