François Mitterrand avait ses petites habitudes. Tous les lundis, il jouait au golf à Saint-Cloud avec le docteur Laurent Raillard, la partie se prolongeant dans l'agréable propriété de son ami située non loin à Louveciennes (Yvelines, dans la très chic banlieue ouest).
Description des lieux, hier, devant le tribunal correctionnel de Paris, par Jean-François Pagès, ancien directeur de l'immobilier du groupe Elf : «Un superbe parc de 2 hectares, des arbres bi ou tricentenaires ; 600 mètres carrés habitables, avec un énorme escalier en marbre...» L'histoire ne dit pas comment l'ami du Président en est devenu l'heureux propriétaire, mais comment Elf s'est retrouvé avec sa propriété sur les bras.
Jackpot. En 1991, des investisseurs japonais lui en proposent 26 millions de francs. Le Dr Raillard décline, car il n'a pas l'intention de quitter les lieux. Germe quand même l'idée d'un jackpot. Elf, dont l'ex-PDG Loïk Le Floch-Prigent est en ligne directe avec l'Elysée, se dévoue pour élaborer un montage aux petits oignons. Le pétrolier rachète Louveciennes pour 20 millions plus un dessous-de-table de 6 millions versés en Suisse. «J'ai envoyé cette soulte, admet benoîtement Alfred Sirven, sans que mon coeur ne batte plus que cela : dans 80 % des transactions immobilières, les choses se passent ainsi.» A ce stade, tout juste pourrait-on considérer que Mitterrand aurait pu choisir ses amis en dehors du clan des fraudeurs fiscaux congénitaux.
Elf maintient le bon docteur dans les lieux, mo