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Libération

Docker fantôme sur les quais de Calais

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Jamais remis de son exclusion en 1987, il séquestre le directeur du port.
publié le 2 juin 2003 à 23h14

Calais envoyée spéciale

Le 10 avril, deux dockers ont pris en otage dans son bureau le directeur du port de Calais, Philippe Joscht. «On est arrivé vers 14 heures. J'avais acheté un pétard dans une brocante, pris une bonbonne de gaz vide pour menacer de tout faire sauter. Faut bien faire peur, quand même», raconte Paul Cocquampot. «J'ai dit au directeur de s'asseoir. Moi aussi j'ai pris une chaise.» L'otage lui demande de ranger l'arme. «Tout à l'heure», souffle Cocquampot : il ne peut plus se lever tellement ses jambes tremblent. Les secrétaires sont priées de «foutre le camp». Ils appellent France 3. «On s'est embrouillé avec un guignol. Je comprends pas : une prise d'otage, ça devrait intéresser tout le monde.»

Dans le bureau devenu camp retranché, le téléphone n'arrête plus de sonner. L'Elysée. Puis le ministère de l'Equipement. «Ils n'avaient aucune confiance en ce que leur disaient des hauts fonctionnaires : c'était dramatique», raconte Philippe Joscht, l'otage resté «plutôt zen» pendant l'opération. «Je les sentais sur le fil du rasoir.» Le GIGN s'est mis en planque. Cocquampot ne le verra qu'en sortant. «Heureusement! On aurait perdu nos moyens.» Cocquampot en preneur d'otage, ça donnerait envie de rire. On aurait tort. Cette histoire-là est à pleurer, un brise-coeur des mers du Nord, qui commence comme une bagarre de port et continue seize ans plus tard en affaire d'Etat.

Croisières Paquet. Le seul souvenir de ce 21 mai 1987, qui va servir de déclencheur au dossier Coc