Elf est une entreprise privatisée il y a bientôt dix ans, mais elle a conservé le sens de l'Etat, de ses intérêts supérieurs. Hier, elle a plaidé en tant que partie civile dans le procès Elf. Exercice délicat puisque la société Elf n'existe plus, absorbée en 2000 par Total, d'autant que les faits remontent à l'époque où elle était encore publique. Difficile dès lors de plaider avoir été victime d'une «gigantesque entreprise de pillage», sauf que ses avocats avaient un message essentiel à délivrer : «J'affirme que ce scandale ne couvre pas un financement politique, mais une banale affaire de droit commun», a proclamé Me Jean Veil, relayé par son confrère Emmanuel Rosenfeld : «On a dressé le portrait d'une entreprise consubstantiellement corrompue, fondée par le général de Gaulle pour le tordu, l'occulte et le malodorant.» Tout à leur volonté de tordre le coup aux rumeurs de financement politique, ils en ont recensé quelques-unes. Le rachat de la CPO (une petite compagnie pétrolière bretonne) aurait, à entendre un dirigeant du Crédit lyonnais, alimenté les «caisses du PS». La reprise de l'espagnol Cepsa aurait permis d'intéresser «des proches de la Zarzuela», le palais du roi Juan Carlos. Curieusement, l'ironie mordante des avocats d'Elf évite deux autres rumeurs récurrentes : le financement d'élus des Hauts-de-Seine lors de la vente d'un terrain à Issy-les-Moulineaux et les rétrocommissions pétrolières entre la France et l'Afrique.
Décolonisation. Car les avocats d'Elf, devenu