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Libération
Enquête

L'asile entre leurs mains

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Plus de 50 000 dossiers par an : souvent débordés, les fonctionnaires de l'Ofpra doivent décider du sort des demandeurs d'asile. «Libération» a passé une semaine avec eux.
publié le 4 juin 2003 à 23h15

Il n'a pas voulu enlever sa veste. Il reste immobile les épaules voûtées, vissé à une chaise. Le jeune homme, sri lankais, sollicite l'asile. Face à lui, Mathieu, officier de protection à l'Ofpra (1), est chargé d'instruire sa demande, en application de la convention de Genève. «Ça commence mal», a-t-il d'abord soufflé : le récit écrit du jeune homme ressemble à d'autres qui n'ont jamais donné lieu au statut de réfugié. Le candidat transpire. Quand vient la première contradiction, il tourne de l'oeil. «Vous préférez un autre officier de protection, pour la prochaine fois ?», s'enquiert Mathieu, désolé. Des évanouissements, feints ou non, des sanglots, des confidences, il y en a au sein de l'Office, derrière ces murs de béton à Fontenay-sous-Bois où l'an dernier 51 807 étrangers ont déposé leur demande d'asile. Avec un taux d'acceptation de12,6 % en 2002, cette forteresse administrative a la réputation d'être une machine à rejet. Récit de l'intérieur, après une semaine avec quelques-uns des 145 officiers de protection.

Lundi: «C'est mon box...»

Dans son bureau, Géraldine boit un thé en attendant son rendez-vous de 14 heures, un demandeur d'asile angolais. Le continent africain constitue le plus gros flux des demandeurs avec plus de 23 000 personnes en 2002. Le mois dernier, Géraldine a convoqué 30 Africains, 28 se sont présentés. L'Angolais de 14 heu res ne s'est jamais montré. Le rendez-vous de Mehdi, lui, est arrivé. En avance même. C'est une Angolaise dont la demande a déjà