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Libération

«Tout cela est misérable»

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Le procureur a démonté les alibis, hier dans son réquisitoire.
publié le 4 juin 2003 à 23h15

Au procès Elf, la salle d'audience s'est vidée, hier, comme un lavabo bouché. Silencieusement, lourdement. Les prévenus sont sortis abattus ou éberlués par les réquisitions du procureur de la République. Hervé Robert a ouvert, à l'arme lourde, la première partie du réquisitoire, qui doit se poursuivre aujourd'hui et se terminer demain par l'annonce des peines requises. «Ça casse», dit un avocat. «Ça sulfate», dit un autre. «C'est Massacre à la tronçonneuse, mais au moins c'est propre», commente un troisième. Le procureur, visage rond, cheveux courts et moustache, a été jusqu'ici le docteur Watson du président Michel Desplan, soulevant les questions oubliées, pointant les ambiguïtés, mais laissant Holmes conduire ses interrogatoires. Désormais, il fait la synthèse. C'est sanglant.

«Pillage». L'affaire, pour lui, repose sur un «trio» : Le Floch-Prigent, nommé par décret chez Elf, Alfred Sirven, arrivé dans les valises du premier, et André Tarallo, le plus intéressant ­ excusé hier pour raisons médicales. «Les concerts de louanges ont résonné à son propos dans cette salle, rappelle Robert. Un grand monsieur d'Elf ! Devenu l'homme le plus important de la compagnie !» Un homme du sérail, contrairement aux deux autres. «Nous avons donc deux parachutés, sans expérience, et monsieur Afrique.» «Ces trois-là, dit Robert, ont marché de concert sur le chemin de l'enrichissement personnel indu», organisant «une opération de pillage systématique de l'entreprise».

Bien sûr, la justice n'a pa