Le parquet a continué, en équipe, hier, son réquisitoire devant les prévenus de l'affaire Elf. Le regard de l'ancien PDG Le Floch-Prigent semble définitivement perdu. La plupart des «hommes du président», selon l'expression de la procureure Valérie Dervieux, regardent droit devant eux, visages figés et inexpressifs. André Tarallo, l'ancien monsieur Afrique, couronné mardi «maître» des alibis, est encore absent.
«Habillage». Marie-Christine Daubigné, seconde procureure à l'ouvrage, déplie une immense feuille de papier couverte de flèches pour montrer le parcours secret des fonds détournés dans l'affaire de la raffinerie de Leuna. C'est le détournement le plus mystérieux, au bénéfice, pour l'essentiel, de deux hommes d'affaires non moins troubles, l'Allemand Dieter Holzer et l'ancien officier français Pierre Léthier. «Au moment où les dirigeants d'Elf payent plus de 300 millions de francs (45 millions d'euros, ndlr), ils sont persuadés de participer à un financement politique ou syndical occulte. Que ce soit vrai ou faux, cette conviction les pousse à recourir à un habillage.»
L'affaire «sentait le soufre», avait dit un dirigeant. Un faux contrat de prêt, des fausses études ont camouflé «ce qu'il faut bien appeler de la corruption», tranche Daubigné. Qu'a fait Pierre Léthier des 90 millions qu'il a encaissés, des fonds qu'il a retirés en espèces ? «Je n'en sais rien, dit la procureure. Monsieur Léthier refuse de répondre.»
Robinetterie. Idem pour les 158 millions de Holzer. Il s'