«Aujourd'hui, les femmes doivent prouver leur volonté de tout faire pour vivre une grossesse normale. Bref, montrer déjà de façon prénatale qu'elles sont de bonnes mères», affirme la sociologue Béatrice Jacques. «Il se développe une culture de l'absolue dépendance vis-à-vis du corps médical. Les futures mères se sentent dépossédées de la naissance, déresponsabilisées, frustrées», renchérit Anne Dusart, porte-parole du Collectif interassociatif de la naissance. Vendredi, aux états généraux de la naissance, organisés à Paris par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), les spécialistes n'ont pas été les seuls à exprimer leur baby-blues. De nombreuses fem mes, porte-parole d'associations, ou encore «professionnelles de la naissance» «mais-aussi-mères-de-plusieurs-enfants» ont également fait entendre leur voix.
Critiques. Comment les fem mes vivent-elles l'expérience de la maternité ? Celle-ci a-t-elle été modifiée par la médicalisation des grossesses depuis l'après-guerre ? Pour répondre à ces questions, objet de sa thèse de sociologie, Béatrice Jac ques a interrogé avant et après leur accouchement 150 fem mes suivies en CHU, en petite maternité de proximité ou en clinique. «Ce qui m'a le plus frappée, avoue-t-elle, c'est la complexité de leur discours. Elles sont très critiques sur la médicalisation, et en même temps elles la réclament.» La demande ? «Les femmes reprennent totalement à leur compte le discours qui définit les nouvelles technologies