Bouille ronde et joviale, Pierre Bédier dégaine la bonne blague et la bourrade comme il respire. A 44 ans, ce bosseur survitaminé, limite agressif, est entré dans la seconde mouture du gouvernement Raffarin. Entre la présidentielle et les législatives, il piaffait d'impatience. Lui qui s'était tant donné pour Jacques Chirac, qu'il admire depuis ses 20 ans. Adhérent au RPR depuis 1977, élu député en 1993, maire de Mantes-la-Jolie depuis 1995, secrétaire national en charge du dossier sécurité dans son parti depuis 1998, membre du comité d'orientation de la campagne de Chirac... Il se voyait bien à la tête d'un grand ministère coiffant l'Equipement et le Logement. Il a hérité d'un secrétariat d'Etat inédit : les Programmes immobiliers de la justice. Superchef de chantier, coincé entre Sarkozy et Perben, il jure que «c'est un honneur».
En tout cas, il s'attelle à la tâche : ouvrir des prisons, des centres fermés pour mineurs délinquants, des palais de justice. Il se félicite des milliards annoncés. Promet que ça va aller vite, grâce à la loi d'orientation sur la justice qui, par dérogation, le dispense de lancer des appels d'offres. Tous types de montage sont prévus, jusqu'au crédit-bail ou la location avec option d'achat, pour ce marché de 1,4 milliard d'euros qui réjouit banques et BTP. Les débats sur le rôle de la prison, ce n'est pas trop son style. Il fait de la place. Et préfère coller à son image d'entrepreneur passé par une école de commerce et la vente d'assurance avant