Lyon correspondance

Joseph a une entreprise de plomberie. Mais surtout, il a des principes. Par exemple : il n'embauche pas de Noirs. Ce n'est pas du racisme, explique-t-il, juste de la logique économique. Les Noirs effraient la clientèle, et il ne peut pas se permettre d'en perdre. «C'est comme ça», dit-il. Vendredi, ce petit chef d'entreprise proche de la retraite a été jugé et condamné à trois mois de prison avec sursis et 1 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Lyon pour discrimination raciale à l'embauche.

L'été dernier, Joseph devait recevoir le jeune Cyril, 17 ans, en stage professionnel. Sa mère s'était arrangée avec lui auparavant par téléphone, et l'affaire semblait entendue. Le 29 juillet, l'adolescent s'est donc présenté, avec sa mère. Mais l'entretien a été vite écourté. «Vous auriez dû me dire au téléphone qu'il était noir !»Le plombier a lâché sa phrase comme une évidence. D'habitude, Joseph ne s'en cache pas, il prend bien soin de regarder d'abord les noms sur les CV. Dans le cas de Cyril, dont le nom est francophone, il ne s'était pas méfié.

Après l'épisode de l'entretien, la mère du jeune homme, choquée, a signalé l'incident via le 114, numéro destiné aux victimes de discrimination. L'affaire est remontée à l'Inspection du travail, qui l'a signalée au parquet. Devant les inspecteurs, Joseph ne s'est pas démonté. Il leur a expliqué pourquoi ses clients ne voulaient pas de Noirs. «Même quand ils présentent bien, ça ne change rien, c'est dû à la cou