Menu
Libération

«Un chef mafieux ? Il vit dans un taudis sans un centime»

Article réservé aux abonnés
publié le 9 juin 2003 à 23h19

Tribunal correctionnel de Nîmes

Le président se gondole devant quatre gars qui ont vendu du shit : «Le PV de synthèse des gendarmes est assez fabuleux, je me suis régalé. Ils qualifient votre trafic de "structure mafieuse au Vigan !" (bourgade du Gard, ndlr). Bon, je plaisante, mais vous avez reconnu ! Vous avez vendu sur environ deux années !» Il se tourne vers Cherif : «Et vous ! Vous avez prétendu avoir trouvé 2 kg de cannabis abandonnés ! Expliquez-nous ça.» Cherif raconte : «Eh ben, sur le coup des 23 heures, je promène mon chien et je vois un type traficoter près des WC publics. J'ai attendu qu'il parte et là, j'ai trouvé le sac.» Le juge rit : «C'est sympa de la part de cet homme de vous faire ce cadeau, hein ! Et à supposer que vous ne l'ayez pas acheté, vous avez fait un bon petit bénéfice !» Cherif est très sérieux : «Je suis prêt à tout rembourser !», et le juge s'esclaffe : «Rembourser ? Mais à qui ?» La procureure est une jeune femme très posée : «Le cannabis reste un produit qui peut être dangereux, dont le trafic est sévèrement puni. Mais c'est aussi une drogue quasi en vente libre sur la voie publique !» Elle assure : «Je n'ai pas l'impression d'être face à une bande de trafiquants. Infligez-leur un avertissement.» Les avocats remercient : «Je salue votre intelligence, madame la procureure...» Ils narrent des vies de misère. Un enfant de la Ddass, deux autres en rupture avec leur famille. L'avocat de Cherif montre son client : «S'il était un chef mafieux, la m