Feurs, Montbrison
envoyé spécial
Chaque jour, raconte la mère d'Aurélien, «il y a ce fusil à pompe» qui explose dans sa tête. Son fils a été tué, le 10 mars, par un adjudant de gendarmerie (Libération du 12 mars). Il avait 24 ans. L'adjudant a été mis en examen pour homicide involontaire. Et l'instruction révèle une succession étonnante d'erreurs et d'improvisations.
Aurélien conduisait ce soir-là son fourgon Mercedes, transformé en camping-car. Il se trouvait avec Fabrice (42 ans) et comptait, selon ce dernier, voler un pare-chocs, pour remplacer le sien. A Feurs (Loire), ils repèrent un hangar, se garent à côté. Dans le noir, Aurélien saute la clôture, à la recherche d'un camion similaire au sien. Mais un projecteur s'allume, et le jeune homme se retrouve face au propriétaire, qui tient un fusil dans les bras. L'homme tire en l'air. Aurélien et Fabrice déguerpissent. Après quelques foulées, ils réalisent que leurs papiers se trouvent dans le fourgon. «On est gaulés», lâche Fabrice, qui continue de courir. Seul Aurélien rebrousse chemin. Dans le fourgon, ils ont laissé deux dobermans, dont la chienne d'Aurélien, Shiva. Il ne veut pas l'abandonner.
«Coopératif». «Lorsqu'il est revenu, je lui ai demandé ce qu'ils venaient chercher, raconte le propriétaire. Il a pas voulu me répondre. Il était pas agressif, j'ai pas insisté. Ma femme avait appelé les gendarmes. On les a attendus.» L'homme tient Aurélien en respect, mais prend soin de casser le canon de son fusil, pour éviter qu'un