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Libération

Les architectes ont beaucoup à perdre

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Ils se retrouveraient assujettis aux majors du BTP.
publié le 12 juin 2003 à 23h21

En rédigeant les ordonnances qui instaureront entre autres le partenariat public-privé (PPP), Matignon et les Finances ne vont pas doper la création architecturale en France. Ce dispositif risque de placer les architectes sous la coupe des majors du bâtiment. A l'Equipement et à la Culture, on tente de limiter les dégâts.

On en a déjà une idée grâce à la procédure actuelle de «conception-réalisation». «Dans un projet, explique l'architecte Françoise Jourda, les études représentent environ 10 % du montant total.» Impossible pour une entreprise d'investir autant alors qu'elle n'est pas sûre d'être retenue à la fin. «Du coup, poursuit Françoise Jourda, le maître d'ouvrage (le client, ndlr) signe pour un projet très peu détaillé, et là, les problèmes commencent.» L'entreprise peut ne retenir que les solutions techniques qui l'arrangent. Le client, qui a signé dans le flou, n'a aucune base juridique solide pour contester. Et ne peut plus compter sur le conseil de l'architecte, lié à l'entreprise.

Le futur partenariat public-privé reprendrait cette trame en lui ajoutant éventuellement la gestion, la maintenance et même le financement du projet. Autant dire qu'il n'y a que quelques grosses majors capables de fournir ce panier garni. Et fortement soupçonnées de se simplifier la vie en faisant renaître les «modèles» et autres solutions types qui ont fleuri pour les grands ensembles des années 60. D'autant plus que la loi d'habilitation, qui autorise le gouvernement à légiférer par ordo