Au deuxième jour, hier, des plaidoiries de la défense, le président Michel Desplan semble désormais sous hypnose. Il ouvre des yeux ronds devant lui. Il n'a plus la parole. Sans doute se concentre-t-il. Vers 16 heures, hier, l'arrivée d'Alfred Sirven l'a sorti de sa torpeur. Intermède entre deux plaidoiries : détenu depuis deux ans et demi dans l'ex-affaire Dumas, Sirven est virtuellement en liberté sous contrôle judiciaire dans l'affaire Elf depuis le mois de juillet 2002. En mars dernier, sa caution a été ramenée par le président Desplan à 400 000 euros, payables avant le 26 mai. Sirven n'a pas payé, mais ce qui fait frémir le parquet, c'est qu'il est libérable dans une dizaine de jours dans l'affaire Dumas.
«M. Sirven, au 4 juin, aucune somme n'a été versée. Est-ce par principe que vous refusez le paiement de cette caution ?», interroge le président. «Non, monsieur le président, c'est que je n'ai pas les moyens. Je n'ai pas 400 000 euros.» «Vous n'avez même pas versé 1 euro...» «Ah, si vous me dites 1 euro, ironise Sirven. J'allais fouiller dans mes poches... Je n'ai pas songé à cela.» Soudain, il s'insurge. Sa retraite est désormais le seul versement régulier qu'il perçoit. «L'accusation peut chercher des comptes mythiques. Je n'ai rien d'autre», tonne-t-il. Sirven assure qu'il n'a «pas la fortune» des intermédiaires Lethier ou Auchi. Ce dernier a été laissé en liberté contre 100 000 euros. «J'ai lu dans un journal que M. Auchi était la septième fortune de Grande-Bretagne