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Libération

Sainte-Eulalie, centre fermé très ouvert

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Une fois encore, deux adolescents ont fugué, relançant la polémique sur l'utilité de ces établissements.
publié le 14 juin 2003 à 23h22

Kader, 15 ans et demi, ne veut pas rester dans le centre fermé de Sainte-Eulalie (Gironde) où l'a placé un juge des enfants de Bordeaux. Il en a fugué il y a un mois. A refugué jeudi. Et ses frasques deviennent une affaire d'Etat, puisqu'il était pensionnaire de l'un des trois centres éducatifs fermés (CEF) créés à ce jour pour accueillir les mineurs récidivistes. Des structures voulues par le président de la République, dont la délinquance des mineurs fut un thème majeur de sa campagne électorale. De l'avis de tous les professionnels de l'enfance difficile ou/et délinquante, les fugues font partie de la vie des centres d'accueil. Ces jeunes aux parcours chaotiques traversent des crises, des coups de blues qui s'expriment aussi comme ça. Par la fuite. Mais soudain, c'est comme si Kader voulait ridiculiser le gouvernement. Or, avec sa double fugue il montre surtout l'ambiguïté du concept de «centre fermé».

Règles. Dernière étape avant la prison, ce type de centre n'est pas fermé par des barreaux, mais par la loi : les mineurs qui y sont placés risquent la prison en cas de violation des règles. Sainte-Eulalie a accueilli ses premiers pensionnaires le 30 avril. Kader y a débarqué fin mai, au sortir d'une mauvaise expérience dans un foyer : il s'en était enfui au volant d'une voiture volée pour rentrer chez sa mère à Bègles, près de Bordeaux. «Nous sommes allés le chercher au tribunal d'où il avait d'ailleurs réussi à s'échapper pendant un moment», explique Mokrane Aït Ali, le pr