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Libération

Paris fait un cadeau diplomatique à Téhéran

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Et veut faire plaisir à Washington.
publié le 18 juin 2003 à 23h25

Les dénégations des diplomates protestant de «l'indépendance de la justice» n'y changeront rien. La présence des Moudjahidin iraniens sur la liste des «mouvements terroristes» établie par l'UE et le département d'Etat américain non plus. D'autant que l'opération contre l'organisation de Massoud Radjavi semble bien avoir été décidée au plus haut niveau politique.

Quelles raisons ? Comment alors expliquer que Paris s'en prenne à un mouvement qui, comme le remarque l'ancien président Bani Sadr, «n'est plus ce qu'il était, une organisation militaire en Irak», la chute de Saddam Hussein ayant scellé son destin ? (lire page 14). «Cette opération tombe très bien politiquement», notait une source du renseignement, sans toutefois nier que les Moudjahidin aient pu poser problème à la France, notamment en revendiquant depuis Auvers des attentats en Iran, ou «parce qu'on ne savait plus très bien ce qu'il s'y passait».

Bon allié. Mais ces raisons pèsent peu face à l'impression que Paris a fait à la fois un formidable cadeau à Téhéran ­ qui réclamait depuis longtemps que l'on sévisse contre ses principaux opposants ­ mais aussi et à moindre titre aux Etats-Unis. Même si l'administration américaine est partagée sur le sort à réserver à Radjavi et à ses amis, s'en prendre à ceux qui sont considérés comme des «agents de Saddam Hussein» a l'avantage de montrer à Washington que Paris demeure envers et contre tout un «bon allié». Une constante de la diplomatie française depuis la fin de la guerre