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Libération

Du mensonge à la tronçonneuse

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Après avoir escroqué et berné son mari pendant quarante ans, Jeannine l'a tué puis découpé. Procès en appel.
publié le 23 juin 2003 à 23h30

Si Jeannine n'avait pas découpé Roger à la tronçonneuse sur la toile cirée de la salle à manger étalée par terre dans le garage, les époux auraient fêté leurs 40 ans de mariage le 2 août 1998, dans le pavillon familial de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), avec leurs deux fils, leurs belles-filles et les petits-enfants. Jeannine et Roger s'aimaient.

Jeannine, qui a ensuite placé les morceaux dans des sacs-poubelle et dispersé les sacs dans les bennes à ordures de la commune (on n'a jamais retrouvé Roger), a été condamnée l'année dernière par la cour d'assises de Bobigny à vingt ans de réclusion criminelle. «On l'a jugée comme si c'était un monstre», proteste son avocate, Elisa Aboucaya, qui a fait appel. Le président de la cour d'assises de Paris devant laquelle revient Jeannine Favre, épouse Guilbert, 71 ans, a du mal à se représenter la scène. Elle est si digne dans le box, cette accusée aux traits réguliers, avec ses cheveux gris bien ordonnés, ses bras hâlés dans sa robe noire imprimée de fleurs thé et son gilet blanc soigneusement plié. Une ancienne patronne d'atelier. Une mère de famille. Une grand-mère.

Dettes. Il la questionne. Comment était-elle vêtue ? «Une blouse et des savates.» Et son mari ? «En pyjama.» Où avait-elle trouvé la tronçonneuse ? «Au-dessus du placard.» Il prend son souffle : «Vous l'avez donc découpé en quatre morceaux ?» Silence. Il insiste : «Comment avez-vous fait ?» Petite voix du box : «Je suis incapable de vous dire les emplacements.» Elle a «mi