A Auvers-sur-Oise, il y a quelques années, on vous chuchotait, juste avant l'entretien : «Vous ne devez surtout pas tendre la main à Maryam Radjavi.» Que ce soit en France ou en Irak, les hommes ne peuvent saluer qu'à distance celle que les Moudjahidin présentent comme «le soleil de la révolution». L'opposante iranienne a beau dénoncer l'obscurantisme des mollahs au pouvoir à Téhéran, présenter son organisation comme un mouvement épris de démocratie à l'occidentale, de liberté et de modernité, prêcher un islam alternatif, compatible avec les droits des femmes, son attitude ne montre guère d'inclinations pour ce qu'elle préconise.
Foulard. Prône-t-elle la «liberté de vêtements» pour les femmes, mais jamais on ne verra les militantes autrement vêtues que d'un strict imperméable, d'un manteau ou du foulard islamique. Elle-même ne se sépare pas du sien, il est vrai de couleurs vives, mais cette touche de coquetterie est aujourd'hui aussi admise à Téhéran. Distante, secrète, n'écoutant qu'elle-même, le visage figé dans un perpétuel sourire qui ne révèle rien de sa personnalité, Maryam Radjavi reste largement une énigme. Elle ne se livre jamais, refusant de rencontrer les journalistes.
Agée aujourd'hui de 50 ans, elle est devenue depuis une petite vingtaine d'années l'incarnation du mouvement. Comment a-t-elle pu subjuguer ce parti qui prônait un islam marxisant et débarrassé des mollahs, qui fut héroïque dans la lutte armée contre le shah et qui osa se dresser contre la mainmise du