«Mon voile, je dois l'enlever dès que je rentre à la maison, raconte Linda, 16 ans. Ma mère ne le supporte pas. Elle crie, elle s'énerve, elle dit que je ne ferai rien de ma vie avec ça. Mon père est de son côté. Mais mon frère est avec moi.» Linda, d'origine kabyle, porte le foulard islamique depuis la rentrée de septembre. Elle est élève en seconde à Argenteuil (Val-d'Oise) et marche dans les rues bras dessus bras dessous avec Rhizlan, qui met le sien depuis trois mois. «Mes parents pensent qu'on m'a influencée. Mais non, c'est vraiment mon choix !», assure Rhizlan. Depuis, sa soeur de 14 ans le porte aussi. «D'ordinaire, la religion se transmet par les parents, souligne Djida Tazdaït, cofondatrice du Mouvement des musulmans laïques de France. Le changement de comportement des adolescentes a de quoi angoisser les parents. Le voile crée des conflits dans les familles. Pour les mères, c'est un retour en arrière. Elles ont peur que leurs filles deviennent des cibles pour les intégristes, mais aussi qu'elles soient victimes d'amalgame, et donc d'exclusion.» Les adolescentes, elles, ont le sentiment que les adultes ne les comprennent pas. Ni à la maison ni à l'école.
Dans leur lycée, le foulard était, à la rentrée, toléré dans les couloirs et la cour. En milieu d'année, le règlement intérieur s'est durci. Une «note aux familles», que tous les parents ont dû signer, précise : «Est interdit dans les bâtiments et sur les terrains de sport le port de toute coiffe.» Et, un peu plus b