Francis Terquem, avocat énervé du barreau de Paris, défenseur attitré de SOS Racisme, risquait gros. A l'occasion d'une sombre affaire de faillite d'entreprise, le parquet d'Evry avait requis, lundi, à son encontre une interdiction définitive d'exercer sa profession. Hier, le tribunal correctionnel d'Evry s'est contenté de le condamner à dix-huit mois de prison avec sursis. Me Terquem va faire appel. N'en déplaise à certains, il reste avocat.
Rationalité. Entre deux causes d'intérêt général, les plus célèbres cabinets d'avocats défendent une clientèle d'hommes d'affaires fortunés, car il faut bien faire tourner la boutique. Francis Terquem assurait la défense de Didier Guillerme, patron de la Compagnie papetière de l'Essonne (CPE), sise à Corbeil. Les entreprises papetières sont le cauchemar des pouvoirs publics, contraints de les renflouer à perpétuité sous prétexte de maintenir la filière industrielle. Le traitement de la faillite de la CPE a donc échappé à toute rationalité. Sa liquidation judiciaire, en février 1997, s'est traduite par un ahurissant bal des prédateurs. En résumé : Guillerme, le patron failli, souhaitait vendre les machines à des Chinois tout en conservant les terrains ; le maire de Corbeil, Serge Dassault, soucieux de pérenniser l'activité, en pinçait pour un papetier canadien, le groupe Cascade ; le président du tribunal le commerce, arrangeur en diable, a entériné un portage permettant de concilier tout le monde.
Bienvenu au royaume du n'importe quoi. Le