Jeannine Fabre, épouse Guilbert, a été condamnée en appel lundi soir par la cour d'assises de Paris à vingt ans de réclusion criminelle, la peine demandée par l'avocat général. Déjà condamnée à vingt ans l'année dernière par la cour d'assises de Bobigny, elle avait demandé à être à nouveau jugée, espérant être enfin entendue. En vain. La cour d'appel n'a fait que confirmer la lourde condamnation.
L'accusée est âgée aujourd'hui de 71 ans. Détenue depuis 1998, si elle effectue la totalité de sa peine, elle ne sortira de prison qu'en 2018, à l'âge de 86 ans. «Ou elle n'en sortira pas», déplore Me Elisa Aboucaya, son avocate.
Les jurés ont estimé que Jeannine était coupable d'avoir assassiné son mari, Roger, dans la nuit du 3 au 4 avril 1998, d'avoir découpé son corps en morceaux avec une tronçonneuse, et, en les dispersant dans les poubelles de Livry-Gargan (Seine Saint-Denis) où le couple habitait depuis quarante ans, d'avoir privé leurs deux fils de la sépulture de leur père (Libération du 23 juin). Rien n'a servi pour atténuer la peine infligée à Bobigny. Ni les profonds regrets de l'accusée. Ni ses mots d'amour adressés à ses fils parties civiles eux ne pardonnent rien à leur «ex-mère», selon leur expression. Ni la démonstration de l'avocate de la défense prouvant que l'accusée, engluée dans des problèmes d'argent qu'elle ne voulait pas révéler à son mari, n'avait pas prémédité son geste, et qu'il ne s'agissait donc pas d'un assassinat, mais d'un meurtre.
Les jurés parisiens